Quand vous gagnez un procès, la question qui tombe souvent après le juge est : qui va payer l’avocat ? Je vous propose un tour clair et sans jargon inutile pour savoir qui paie quoi, comment se calcule un honoraire de résultat et quelles protections existent pour limiter la facture. Vous trouverez ici les règles générales, les exceptions, ainsi qu’un tableau synthétique pour y voir rapidement plus clair.
Synthèse :
Gagner, c’est bien ; la note, beaucoup moins : je vous montre comment réduire vos frais d’avocat et qui peut en régler une partie, sans mauvaise surprise.
- Exigez une convention d’honoraires écrite : part fixe + éventuel honoraire de résultat (souvent 10–15 %), succès et base de calcul (net/brut) clairement définis.
- Activez vos leviers: aide juridictionnelle si vos ressources le permettent et assurance protection juridique (vérifiez votre contrat avant d’ouvrir le dossier).
- Devant le juge, demandez l’article 700 et les dépens, mais gardez en tête que ce n’est pas un remboursement intégral et que le montant reste à l’appréciation du tribunal.
- Anticipez le paiement: provision dès le départ, paiement échelonné négocié et écrit, moyens adaptés (virement, chèque, espèces sous limites).
- En cas de désaccord, réclamez un décompte détaillé puis saisissez le bâtonnier pour arbitrage avant d’aller en justice.
Comprendre les honoraires d’avocat
Les honoraires d’avocat correspondent aux frais que vous versez pour la prestation juridique fournie : recherche, rédaction d’actes, plaidoirie, conseils, et suivi du dossier. Ils peuvent prendre différentes formes : tarif horaire, forfait, ou combinaison fixe + variable.
La relation financière entre l’avocat et son client doit être régie par une convention d’honoraires. Le Code de procédure civile encadre certains remboursements par la partie adverse (notamment les dispositions liées à l’article 700 et les dépens). L’ordre des avocats rappelle aussi l’obligation d’informer le client sur la fixation des honoraires.
On parle parfois aussi de dépens, frais irrépétibles, ou émoluments : ces notions recouvrent les frais supportés pour la procédure et susceptibles d’être mis à la charge de la partie perdante par le juge.
Qui paie les honoraires de l’avocat ?
En règle générale, le client reste le payeur principal des honoraires. C’est lui qui signe la convention et s’engage à rémunérer le professionnel pour le travail accompli.
Cependant, des situations viennent moduler ce principe : l’État, une assurance ou la partie adverse peuvent prendre en charge une partie des frais selon les circonstances.
- Aide juridictionnelle : prise en charge partielle ou totale par l’État pour les personnes aux ressources limitées.
- Assurance protection juridique : l’assureur peut régler les frais et honoraires selon le contrat souscrit.
- Condamnation de la partie adverse : le juge peut ordonner le versement d’une indemnité (article 700 ou dépens) à la partie gagnante.
Ces mécanismes ne garantissent pas toujours le remboursement intégral des sommes versées à l’avocat ; ils peuvent réduire la charge financière du client mais rarement la supprimer totalement.
Honoraires de résultat
Définition et fonctionnement
L’honoraire de résultat, dit aussi success fee, est un complément à un honoraire fixe ou forfaitaire. Il récompense le résultat obtenu et s’ajoute donc à une rémunération de base déjà convenue.
Par convention, cet honoraire dépend d’un critère de succès : gain obtenu, somme recouvrée, ou économie réalisée. Il ne peut remplacer l’intégralité de la rémunération : l’avocat doit percevoir au moins une part fixe pour son travail effectif.
Cadre contractuel et montants usuels
La loi et la déontologie imposent que l’honoraire de résultat soit prévu dans une convention d’honoraires écrite et signée avant le démarrage du dossier. La convention précise la méthode de calcul, le pourcentage éventuel, et ce qui constitue le « succès ».
Le taux du success fee est librement négocié mais doit rester raisonnable. Dans la pratique, il se situe souvent entre 10 % et 15 % du gain obtenu ou de l’économie réalisée. Cette fourchette reflète l’usage relevé par les professionnels et les plateformes d’information juridique.
Il est important que la convention définisse clairement ce qui entre dans le calcul : montants nets, frais déduits, ou précompte d’autres indemnités. Sans cette précision, des contestations peuvent survenir une fois le résultat connu.
Indemnité de procédure
Qu’est-ce que l’indemnité de procédure ?
L’indemnité de procédure est une somme que le juge peut condamner la partie perdante à verser à la partie gagnante pour contribuer aux frais non compris dans les dépens. On la rencontre souvent sous le nom d’« article 700 ».
Les articles du Code de procédure civile (notamment l’article 700 et les dispositions relatives aux dépens comme les articles 695 et 696) permettent au tribunal d’ordonner ce versement. Cette indemnité vise à compenser une partie des frais d’avocat et autres frais irrépétibles.

Quel est son impact sur le paiement des honoraires ?
Lorsque le juge accorde une indemnité, la somme est versée au client qui peut l’affecter au règlement des honoraires de son avocat. En pratique, cette indemnité couvre rarement la totalité de la facture, mais elle réduit la charge.
Il faut noter que l’attribution de cette indemnité est à l’appréciation du juge : le montant est forfaitaire, variable selon l’affaire, et dépend des circonstances et du comportement des parties. Il ne s’agit pas d’un remboursement automatique et intégral des frais engagés.
Pour y voir plus vite, voici un tableau récapitulatif des contributeurs possibles aux honoraires et de leurs caractéristiques.
| Payeur | Mode de prise en charge | Remarques |
|---|---|---|
| Client | Paiement direct (virement, chèque, espèces selon conditions) | Responsable principal ; convention précisant montants et échéances |
| État (aide juridictionnelle) | Prise en charge partielle ou totale | Soumise aux conditions de ressources ; formalités administratives |
| Assurance (protection juridique) | Règlement selon contrat | Peut couvrir honoraires et frais ; modalités varient selon la police |
| Partie adverse (article 700 / dépens) | Indemnité fixée par le juge | Montant forfaitaire ; rarement suffisant pour couvrir tout |
Modalités de paiement
L’avocat accepte généralement plusieurs moyens de paiement : virement bancaire, chèque, et, dans certaines limites, espèces. Le choix dépend aussi des règles internes du cabinet et des montants en jeu.
Avant d’entamer un dossier, l’avocat peut demander une provision destinée à couvrir les premières étapes (recherches, mises en demeure, etc.). Cette pratique est courante et doit être prévue dans la convention.
- Virement : trace claire et sécurité pour les montants importants.
- Chèque : encore accepté, mais peut être soumis à encaissement différé.
- Espèces : possibles pour de faibles montants, avec limites légales et justificatifs.
Le paiement échelonné peut être négocié. La convention devra alors préciser les échéances, les pénalités de retard éventuelles et l’utilisation de la provision initiale en cas de rupture du contrat.
Problèmes de litige sur les honoraires
Si vous contestez le montant demandé, plusieurs voies existent. La première étape consiste souvent à discuter avec l’avocat pour obtenir des justificatifs et une explication détaillée des frais.
Si la discussion n’aboutit pas, vous pouvez saisir le bâtonnier de l’ordre des avocats. Le bâtonnier a pour rôle d’arbitrer les différends liés aux honoraires et peut proposer une conciliation. Il s’agit d’une procédure spécifique à l’ordre, visant à résoudre le conflit sans passer automatiquement par la voie judiciaire.
Par ailleurs, l’ordre peut proposer une médiation ou une fixation des honoraires par la commission compétente. En dernier recours, le client peut porter l’affaire devant le juge pour demander la révision ou le contrôle des sommes réclamées.
Rappelez-vous que l’avocat a, même en l’absence de convention écrite, droit à une rémunération pour le travail effectué. L’absence d’accord écrit complexifie cependant la preuve sur les modalités convenues et peut rendre la résolution du litige plus longue.
Pour des questions proches concernant les conflits successoraux ou la possibilité de désheriter, des ressources spécifiques peuvent vous éclairer.
Conclusion des obligations contractuelles
La morale pratique est simple : conclure une convention d’honoraires claire et précise avant de commencer une procédure. Elle doit détailler la part fixe, l’éventuel honoraire de résultat, les modalités de paiement et la gestion des provisions.
Cette convention protège à la fois le client et l’avocat : elle limite les zones d’ombre et réduit les risques de conflit. En l’absence d’un tel écrit, l’avocat reste rémunéré, mais les désaccords peuvent se régler plus difficilement et prendre du temps.
En bref, vous payez en principe, mais plusieurs mécanismes (aide juridictionnelle, assurance, indemnité de procédure) peuvent alléger la facture ; l’honoraire de résultat existe mais doit être encadré par une convention écrite.
